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Bordelais Le vignoble face à une crise majeure

BORDEAUX, 21 juil 2004 - Le vignoble bordelais, dont la production est vendue à travers le monde, affronte une crise majeure dans un contexte de surproduction générale et de stagnation de la consommation, selon les professionnels français.

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Les viticulteurs ont manifesté à quatre reprises en un mois dans les rues de Bordeaux, du jamais vu depuis des décennies, à l'appel de la Fédération départementale des Syndicats d'exploitants agricoles (FDSEA) et des Jeunes Agriculteurs (JA). Un "Collectif des viticulteurs", né il y a deux mois et qui revendique 400 membres, a lui aussi montré son désarroi en distribuant tracts et bouteilles de vin sur l'autoroute A62 (Toulouse-Bordeaux) lors des premiers départs en vacances.

Les causes de cette crise, qui n'épargne que les producteurs de grands crus de renommée internationale, sont largement connues: surproduction mondiale, baisse des ventes de Bordeaux tant en France qu'à l'exportation et contexte économique morose, avec pour conséquence, un effondrement des cours. Ainsi, actuellement, le prix en vrac des Bordeaux rouges est tombé sous le plancher de 750 euros le tonneau (900 litres), bien en-deçà du seuil de rentabilité, selon les viticulteurs. En 1997 et 1998 - période d'euphorie -, le cours avait atteint jusqu'à 1.500 euros.

Devant cette situation, "il faut agir vite", soulignait récemment, le nouveau président du Conseil interprofessionnel du vin de Bordeaux (CIVB) Christian Delpeuch. Le CIVB qui rassemble producteurs et négociants a déjà annoncé une série de mesures afin d'enrayer la surproduction dans le Bordelais, où le potentiel de production s'élève à plus de 7 millions d'hectolitres quand les ventes s'établissent à environ 5,5 millions d'hl.

Ainsi, la limitation à 50 hl par hectare de la commercialisation du vin est proposée pour 2004, le reste étant mis en réserve et commercialisé si les conditions économiques et le niveau de cours le permettent. Qualifiant cette limitation de "mesure d'urgence", M. Delpeuch a exhorté "les appellations qui connaissent une mauvaise santé économique à faire davantage d'efforts que les autres" pour ce qui concerne les rendements. M. Delpeuch a proposé d'autres pistes pour permettre "un assainissement du marché". Entre autres: l'arrachage définitif, "qui ne doit pas être un tabou", et qui pourrait concerner des parcelles peu qualifiées, ou appartenant à des propriétaires partant à la retraite. Mais la prime offerte par Bruxelles - 6.300 euros par hectare - n'est pas suffisamment incitative, selon lui.

Autre mesure: "la création de produits nouveaux, en dehors du système des Appellations d'origine contrôlée". Ainsi, le président du CIVB "considère que le vin de cépages pourrait être une soupape de sécurité à une partie de la production viticole bordelaise qui ne trouve pas de marché". Pour lui, il faut aussi faire un effort qualitatif car "le marché ne se satisfait plus de produits moyens".


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